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On eût brûlé sa chair, comme infidèle,

Jadis, aux temps anciens, quand les bûchers
Dans un décor de vieux clochers,
Se déployaient, ainsi que des paons rouges.
À cette heure, faute de mieux, le soir,
On assiégeait son bouge ;
Tous l’insultaient, massés sur son trottoir.
De vieux poëlons et d’antiques ferrailles
À bruit grinçant et fou, menaient autour
De son amour, bataille ;
On les jugeait : elle, catin, et lui, voleur !
Certains les accablaient sous la même fureur.
Ils accouraient, du fond de leurs impasses,
Poussant des cris, jetant des pierres,
Qu’on entendait heurter le toit, et choir, par masses
Dévalantes, dans la gouttière.
Portes et volets craquaient, les coups pleuvaient si forts
Qu’on eût dit une tempête des Nords,
Trouant et secouant la terre,

À pleins tonnerres.


Cela dura neuf soirs entiers,
Jusqu’au moment où Mandus Nol, le ferblantier,