Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Sur des feuilles, dans un fossé,

Les pieds en sang, les bras blessés,
Il s’endormit un peu. Les plaines
Glorifiaient le silence des nuits.
Et l’aube enfin parut, quand il revit

La ferme, où l’attendaient son maître et le malade.


Un vieux berger qui menait en ballade

Quatre dindons et trois brebis
Cria soudain : « Il est guéri, il est guéri !
Notre-Dame fera le reste. »
Le blanc meunier faisait des gestes,
Par la lucarne du moulin.
On accourait. Le village était plein
De commères causant, au pas des portes ;
Une bande de gamins fit escorte

Au pèlerin, quand il entra.


À le voir devant lui, le malade pleura.

Le pèlerin lui dit : « C’est pas ma faute,
Si la Dame n’était puissante et haute

Et pardonnante à tous, j’aurais prié en vain. »