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Sous les astres, et sous l’effroi
Des étoiles seules
Tournant, là-haut, comme des meules,
La guerrière doutant de soi,
L’orgueil en deuil s’en est allée.
Derrière elle, criait, dans la vallée,
Et se brisait au roc, l’éternelle douleur.
Des vents de désespoirs, et des fleuves de pleurs
Sourdaient, comme jadis, au pied de la montagne.
L’humanité restait rivée au bagne
Douce pour la guerrière et la plaignant d’avoir,
Malgré son cœur, dû s’échapper de son devoir,
Alors que le dragon que saccagea Persée,
Et qu’il dompta, par la pensée
Et le regard,
Sortait, après mille ans, de son sommeil hagard
Et la mâchoire inassouvie
Se redressait contre la vie.