Page:Verhaeren - Deux Drames, 1917.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est d’esprit habile et son cœur ne dévie…
Ce qu’il nous faudra faire, il le dira plus tard.

LA COMTESSE (anxieuse)

En attendant, que fera-t-il ? que va-t-il faire ?
Agira-t-il, à coups soudains, pour que ton père
Ignore tout, avant que tu ne sois là-bas !

DON CARLOS

Don Juan ne m’a rien dit : ce sera ta surprise
De voir, sans la comprendre, aboutir l’entreprise.

LA COMTESSE

J’ai peur, ô mon Carlos, quand je ne comprends pas

DON CARLOS (étonné)

Douterais-tu ? Hélas ! combien ce doute étrange
Troublerait vite en moi ce qu’il me faut d’ardeur.

LA COMTESSE (se reprenant)

Non, non, ce que j’ai dit ne vient pas de mon cœur ;
Mon espoir reste entier et rien ne le dérange.

DON CARLOS, (abattu)

Hélas ! je voyais tout comme accompli déjà.