Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
89
L'ANARCHISTE

Jacques ne peut pas avoir commis les crimes dont on l’accuse, puisque, jusqu’au jour de son arrestation, il est demeuré enfermé, chez moi, dans un grenier à foin !

Je regardai le cultivateur avec stupéfaction, ne comprenant pas.

— Oui, ajouta-t-il tranquillement, je lui ai donné asile après l’accident arrivé chez moi.

— L’accident !… Vous en parlez bien légèrement !

— Nous étions soûls, vous dis-je ! soûls à ne pas distinguer le soleil de la lune !… Or, le meurtrier, puisque meurtrier il y a, n’alla pas bien loin. J’étais à peine sur le chemin que je le vis revenir.

— Me voici, dit-il, livrez-moi, ou faites justice vous-même !… Je suis un misérable !

Mais j’avais autant de remords que lui, et, après bien des paroles, je réussis à l’enfermer dans un de mes greniers, espérant ainsi le soustraire à la justice. C’est durant le temps qu’il passa dans cette cachette qu’eurent lieu toutes les explosions dont on l’accuse. Il trompa ma surveillance et s’échappa, il est vrai, mais je ne pense pas qu’il ait pu faire grand mal, puisqu’il fut arrêté le jour même, sur la dénonciation de votre ancien concierge.

Je considérai maître Guillaumet avec étonnement.