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L'ANARCHISTE

ie les paniques, on laisse circuler les gens avec des boîtes en fer-blanc munies de mèches ?… Vos passants ont trop d’imagination, et le besoin de se faire remarquer leur inspire ces ineptes dénonciations.

— Peut-être avez-vous raison, Claudie, mais ces aveux ?

— Ces aveux lui ont été dictés par le désespoir, le dégoût de la vie, ou, plutôt, par ses idées de sacrifice, ses visions de rénovateur du monde ! Il voit avec bonheur que l’anarchie a commencé son œuvre, et il veut l’aider dans la mesure de ses moyens, en prenant sur lui les responsabilités. Pendant ce temps, croit-il, ses frères agiront, et, tandis que les haines se porteront sur lui, ils poursuivront en paix leur œuvre de destruction. Oh ! je suis bien sûre de ce que je dis, Monsieur ! je le connais mieux qu’il ne se connaît lui-même, je sais qu’il est capable de tous les héroïsmes pour la réalisation de son rêve ; mais je sais aussi qu’il ne saurait commettre les ignominies qu’on lui reproche.

— Puissiez-vous ne pas vous tromper, mon enfant ! Moi je ne vois plus clair… tous ces étranges événements m’ont anéanti !

La boiteuse se fit câline.

— Voulez-vous être bon encore, bon comme le bon Dieu ?…