Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
69
L'ANARCHISTE

comme à une apparition divine. Après avoir religieusement écouté les nouvelles consolantes que j’inventais pour maintenir sa foi, elle prenait à son tour la parole, et sous la singulière excitation cérébrale qui précède souvent la mort des phtisiques, elle discourait pendant des heures, d’une voix plus insaisissable que le froissement d’ailes d’une libellule. Puis de terribles périodes de délire suivaient, et, au milieu de sa face de cire encadrée de mèches décolorées, ses yeux élargis démesurément interrogeaient le vide.

— Cher bienfaiteur, me dit-elle un soir, je suis certaine que vous n’êtes pas retourné à notre ancienne maison du boulevard Saint-Germain ? Peut-être Jacques y est-il revenu. Je ne sais pour quoi cette idée s’est ancrée dans ma cervelle ! Voulez- vous faire encore cela pour moi et prendre des renseignements ?…

— J’irai dès demain, Claudie, bien qu’il n’y ait rien à attendre de bon du père Chafoin. Vous n’aviez pas de pire ennemi, jadis, et je ne crois pas qu’il cherche jamais à vous obliger.

— Qu’importe, s’il a quelque nouvelle, bonne ou mauvaise, à vous donner ?… Je voudrais tant savoir !

— Dès demain, vous serez obéie. En attendant,