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L'ANARCHISTE

si faible que je pus à peine faire quelques pas ; une nouvelle syncope me rejeta sur le carreau…

» Pardonnez-moi, Monsieur, je vous parle de moi, alors que je voudrais vous attendrir sur le sort de mon pauvre ami qu’on va prendre et enfermer comme un assassin !

» Je vous jure sur mon salut éternel qu’on l’a tourmenté, provoqué, poussé à bout ! Je vous jure qu’il était affolé par le vin et par les insultes de ces trois hommes qui semblaient s’être ligués contre lui. Il a frappé dans un moment dé délire, au hasard, comme dans un rêve…

» J’apprends à l’instant qu’on l’a inutilement cherché dans tout le pays, personne ne l’a vu. Par cette tempête, ce n’est d’ailleurs, pas étonnant. Peut-être a-t-il marché toute la nuit et gagné Paris, où des camarades l’ont caché. Je vous en supplie à deux genoux, Monsieur, ne le condamnez pas ! Soyez-lui miséricordieux comme vous l’avez toujours été ! C’est un égaré, un malheureux garçon que les injustices humaines ont poussé à la vengeance ! Cependant, il était devenu très calme, dans ces derniers temps ; il voulait se montrer digne de votre confiance, il travaillait à vous satisfaire autant qu’il était en son pouvoir.

» Si vous le rencontrez, ne le dénoncez pas ! Peut-être échappera-t-il à la justice avec notre aide.