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L'ANARCHISTE

sonne ; celui qui a accompli cette mauvaise action s’en repentira certainement tôt ou tard. L’effet de cet envoi a été désastreux pour Jacques. Après m’avoir lu les passages les plus violents, il s’est promené, comme un fou, durant toute la soirée ; et lorsque, vers minuit, il est rentré au logis, son exaspération était telle que j’ai dû le déshabiller et lui faire prendre une forte dose de chloral pour l’endormir. J’ai voulu à mon tour parcourir ces journaux : il paraît que les troubles renaissent à Paris, et que, chaque jour, de nouveaux mécontents se joignent aux révoltés pour réclamer le droit au pain et au bien-être. Qu’ils retournent donc à la campagne ! Il n’y aura jamais trop de bras pour labourer la terre et ensemencer les sillons !…

» Je suis une ignorante, mais je sais cependant que le sol français est assez généreux pour nourrir tous ses enfants. Les villes seules restent trop étroites pour contenir les misères humaines, et c’est ici qu’il faut venir ! J’ai parlé de toutes ces choses avec M. Guillaumet, qui m’a complètement convertie par la clarté et la justesse de ses opinions. De quel droit, par exemple, moi, fille de malfaiteurs, de voleurs, d’assassins, peut-être, serais-je l’égale de l’enfant d’honnêtes travailleurs qui, toute leur vie, auront peiné et combattu dans l’espoir d’amasser une petite fortune ? Devrai-je crier à l’injustice, parce que je n’aurai