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L'ANARCHISTE

ter un lopin de terre et le cultiver. Aux champs, il y a toujours de l’ouvrage, celui qui montre de la bonne volonté et de l’ambition peut toujours se tirer d’affaire… Mon grand-père était simple domestique, et je suis, aujourd’hui, un des plus gros fermiers du pays ! Peut-être mon fils deviendra-t-il châtelain, député et ministre ! Et ce serait justice, n’est-il pas vrai ? car ses parents lui auront gagné l’instruction et les honneurs par leur travail !

— Vous avez raison, monsieur Guillaumet : votre opinion est la plus logique et la plus saine de toutes. Je vous confie Jacques, faites-en un honnête homme ! Cela, peut-être, ne sera pas aussi difficile que vous le croyez ; car il est juste, au fond, sa nature est enthousiaste et généreuse ; il ne lui a manqué qu’une bonne direction.

Le fermier hocha la tête avec incertitude, mais il me promit de me seconder dans mon œuvre de rénovation. Je partis donc, l’esprit léger et la conscience tranquille.

A Paris, l’anarchie avait fait des progrès pendant mon absence. Plusieurs locataires avaient reçu des lettres de menaces, et, la terreur aidant, ma maison s’était vidée comme par enchantement. N’ayant pas lu de journaux à cause de Jacques, durant ces quelques mois passés à la campagne, je n’avais pas suivi les progrès de cette