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L’ÉTOILE DOUBLE

ronnants. Partout de l’or, de l’argent, des émeraudes, des rubis, les mêmes ondes fulgurantes et les mêmes murailles aux transparences diamantées.

L’astre, frère du nôtre, avait disparu, et le ciel était devenu d’un noir d’enfer.

— O chimère ! m’écriai-je, je souffre, j’ai peur ! Jamais je ne pourrai passer deux siècles en ce lieu maudit !

Un son vague, lent, mélodieux se fit entendre tout près de moi.

— Aaaâh…

Je regardai, et ne vis rien d’abord, tant le reflet des pierreries m’éblouissait.

— Aaaâh…

Ce n’était qu’une note prolongée, mais combien douce à mon cœur !… J’avais reconnu la voix de mon désir, la voix de la foi et de l’espérance, la voix que j’attendais depuis mon mystérieux réveil.

— Aaaâh !… Aaaâh…

Je me baissai, et j’aperçus, collé contre la paroi brillante de la montagne un être semblable à moi dont les ailes pendaient misérablement. Je le détachai avec mille précautions, et le posai sur mes genoux.

Ses longs cheveux traînaient sur le sol, ses yeux langoureux se fermaient à demi, ses lèvres