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L’ÉTOILE DOUBLE

sentiras grouiller sur ton flanc des êtres infiniment petits qui te tourmenteront et t’affaibliront. Tu vois ici des spécimens de toutes les espèces ; ils passeront, comme toi, par de multiples transformations, et ceux qui auront su garder l’étincelle divine déposée en eux, atteindront également, dans un temps plus ou moins éloigné, selon leurs mérites, la suprême puissance.

— O chimère ! viens avec moi. Volons de clarté en clarté dans ce ciel merveilleux, escaladons ces murs de pierreries, traversons ces abîmes aux parois d’or et ces fleuves aux ondes pourprées. Je veux tout voir, tout connaître, tout admirer, dans une infinie reconnaissance.

— Prends garde ! la tentation est proche et ton cœur n’est pas encore assez loin de la terre pour bien comprendre le ciel !

— Que pourrais-je craindre avec toi ? n’es-tu pas mon guide et ma sauvegarde ?…

— Je suis la chimère aux ailes rapides, aux cheveux flottants, aux regards embrasés ! Je galope dans le labyrinthe des cieux, je plane sur les mondes, je pleure au fond des solitudes, je m’accroche aux nuées, et, de ma queue traînante, je soulève les océans !… Je découvre à tous des perspectives inouïes, je suis la fée des éternelles démences et la vestale des éternels désirs !… Ne m’as-tu pas toujours trouvée sur ton chemin ?…