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L’ÉTOILE DOUBLE

chaos !… Un voyage à travers les cieux serait une fulguration ; d’incessantes commotions électriques nous feraient palpiter comme des phalènes ivres de clartés, et l’imagination s’arrêterait éblouie, éperdue, agonisante !

La création se compose d’un nombre infini d’univers séparés les uns des autres par des abîmes de néant, et le monde n’est qu’une porte par la quelle les âmes errantes se précipitent dans la gloire et deviennent astres à leur tour. L’éternité est sans fin et le nombre des univers est également sans fin. A droite, à gauche, en haut, en bas, tout vibre, tout palpite, tout existe, et, en marchant toujours tu ne saurais avancer d’un seul pas ! Tu commences à comprendre, parce que tu es au dessus de la matière, jadis ma pensée n’eût point eu de sens pour toi. Tu comprends l’avenir de gloire qui t’attend et l’éternité du bonheur dans une colossale royauté, auprès de laquelle tes monarques d’une heure ne sauraient même avoir régné. Tu comprends, et, petit à petit, ton esprit s’éclaire et perçoit ce qui n’était pour lui qu’énigme, brume, épouvantement.

« N’oublie pas ta grandeur, car si jamais l’être humain reparaissait en toi, tu retomberais en poussière et tout s’engloutirait dans la nuit du tombeau ! — O chimère ! douce chimère ! dis-je en contemplant les yeux phosphorescents de ma