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L’ÉTOILE DOUBLE



Et des cataractes pesantes
Comme des rideaux de cristal
Se suspendaient éblouissantes
A des murailles de métal.

C’étaient des pierres inouïes
Et des flots magiques ; c’étaient
D’immenses glaces éblouies
Par tout ce qu’elles reflétaient.

Baudelaire. (Les Fleurs du Mal.)


Je n’étais pas encore né, ou, plutôt, j’étais déjà mort. Il me semblait que j’avais dormi très longtemps d’un sommeil sans rêve, doux et réparateur. Je me sentais une légèreté singulière, et, lorsque je me dressai sur mon séant pour examiner les choses qui m’entouraient, je m’aperçus que j’avais des ailes. Oh ! des ailes inouïes comme je n’en avais jamais imaginées, et qui projetaient autour d’elles la vive lumière de l’électricité. Aussi délicates et transparentes que des ailes de libellule, elles étaient dures et résistantes, cepen-