Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
RÉINCARNATION

S’absorbant en lui-même, en son terrible désir, il concentra sur lui toute sa volonté, toutes les forces vives de son être, avec une telle impétuosité qu’il se sentit défaillir comme si le sang se fût retiré du cœur pour jaillir au dehors en ondes bouillonnantes : ses mains se glacèrent, un tremblement nerveux l’agita de la tête aux pieds. Il étreignit les deux corps dans un embrassement convulsif, et, pour la première fois, donna à son épouse exécrée, un long, un effroyable baiser qui le rejeta sur le lit à moitié expirant.

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Une douce caresse le rappela à lui. Il faillit s’évanouir une seconde fois, sous une impression de ravissement suprême. Bérengère, qui n’était plus Bérengère, mais la réincarnation parfaite de Djalfa, lui souriait et lui tendait les bras.

Il se jeta sur elle, et couvrit de baisers fous ce corps dont toutes les sinuosités, tous les replis charmants lui rappelaient son amour perdu. Oui, c’étaient bien les longs cheveux soyeux de Djalfa l’enveloppant comme d’une gaze blonde, c’étaient bien ses larges yeux lumineux et profonds, ses lèvres humides faites pour les caresses et les doux aveux.

Elle parla ; et sa voix s’éleva comme l’écho des anciennes prières, des anciens sanglots d’amour.