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RÉINCARNATION

leur souplesse pour se prêter à la transformation désirée, le sang devait circuler librement, afin de recevoir des éléments nouveaux et de se les assimiler.

La jeune femme, bien qu’inconsciente, souffrait dans sa chair, une angoisse inexprimable l’étreignait, et, toujours, par la piqûre de son cœur, s’en allait sa vie. Le vampire qui l’obsédait, peu à peu la prenait, se fondait en elle, l’envahissait, lui donnait sa forme et sa pensée.

Elle sentait cela confusément, bien qu’intolérablement, et des pleurs impuissants coulaient de ses yeux.

Quand elle sortit de sa chambre, Ghislain fut obligé de la soutenir, tant sa faiblesse était grande. Il l’habilla et la couvrit de voiles épais, afin que nul ne pût s’apercevoir du nouveau changement qui s’était fait en elle.

Sa raison, maintenant, l’abandonnait. Lorsqu’on lui parlait, ses regards effarés se fixaient sur vous, ses lèvres remuaient, puis elle retombait dans sa prostration.

Un domestique effrayé parla à Ghislain de la nécessité d’appeler un médecin et cet incident le décida à précipiter le dénouement, dans la crainte de ne pouvoir mener à bien son effroyable épreuve.