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RÉINCARNATION

La conscience de sa misérable situation semblait lui être revenue, ses cris devenaient convulsifs, déchirants. Enfin, à bout de force, elle se soumit : son visage était trempé de larmes, sa poitrine se soulevait dans des sanglots éperdus. Elle tomba sur la couche funèbre, et, sous l’influence magnétique, s’endormit comme à l’ordinaire.

Dès ce moment, Ghislain se sentit pleinement rassuré. Il agissait froidement, avec calme, certain de la réussite finale. Toutes les résistances, pensait-il, s’aplaniraient, quelles qu’elles fussent. Il comprenait aussi qu’il devait amener progressivement, par degrés presque insensibles, cette transmutation d’un être en un autre, de peur d’échouer, de briser l’instrument fragile qu’il tenait entre ses mains.

Sa victime, les dents serrées, les membres frissonnants semblait endurer d’atroces tortures ; ses narines se pinçaient, un peu d’écume lui venait aux lèvres. Il fallait agir avec une excessive prudence, car la souffrance a des bornes, et devient mortelle en atteignant la limite que la nature a fixée.

Bérengère n’était pas en catalepsie, car elle fût demeurée insensible à l’influence de Djalfa, et, dans tous les cas, l’épreuve eût été infiniment plus longue. Les membres devaient conserver