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RÉINCARNATION

loureusement. Son cerveau vide devenait glacé en même temps qu’une sensation de souffle, allant de l’extérieur à l’intérieur, lui causait une effroyable suffocation.

Après quelques nouvelles passes, elle demeura immobile. Sur elle, une forme blanche, mais d’une teinte si faible qu’elle était à peine perceptible, s’étendait, silhouette nuageuse de la défunte. A un moment, elle s’accentua et devint si nette, que Ghislain épouvanté comme devant une manifestation surnaturelle, se troubla et cessa, un moment de projeter toute sa force sur elle.

Aussitôt elle disparut. Mais, un nouveau changement s’était produit en Bérengère, un changement si accentué, qu’elle n’était presque plus reconnaissable.

Réveillée, elle sortit automatiquement de la chambre. Elle ne semblait plus ni voir ni comprendre ce qui se passait autour d’elle. Obéissante et résignée, elle se soumit pourtant à tout ce qu’on exigea d’elle, se promenant, s’asseyant, mangeant, répondant même d’une façon incohérente aux questions qu’on lui posait. Ses mouvements avaient une raideur inaccoutumée, ses traits demeuraient immobiles.

Le soir, seulement, quand Ghislain voulut la ramener auprès de Djalfa, elle se débattit avec une énergie désespérée.