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RÉINCARNATION

de molécules infinitésimales dont la dissociation n’est pas impossible.

Chaque nuit, il s’agenouillait devant la dépouille de Djalfa, et, l’âme emplie d’un immense espoir, concentrant toute sa force dans son désir de réussite, il écoutait la voix secrète qui le conduisait dans ce mystérieux labyrinthe. Il avait vaincu l’incrédulité et la défiance, maintenant tout lui semblait possible.

Djalfa aussi, bien qu’inanimée et froide comme le marbre, changeait visiblement. Au rebours de Bérengère, ses traits s’accentuaient, prenaient une dureté qu’ils n’avaient pas pendant l’existence ; ses beaux cheveux blonds se fonçaient, se tordaient en mèches insoumises. Et, Ghislain allait de l’une à l’autre, établissait le courant magnétique, malgré les cris, les supplications de Bérengère qui se convulsait en d’indicibles souffrances, le conjurant de l’épargner, de la tuer plutôt tout de suite. Le sang de ses veines, toujours s’en allait goutte à goutte par cette imperceptible piqûre qu’elle sentait au cœur, et sa rivale comme un vampire, s’accroupissait sur elle, la pénétrait peu à peu, se gorgeait de sa vie.

Au matin, Entrames lui ordonnait d’oublier les tortures du sommeil :

— Vous serez enjouée, aimante et communicative, lui disait-il.