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RÉINCARNATION

ment satisfaite ; de sorte qu’on cessa dans son entourage, de se préoccuper de l’altération de ses traits, qui d’ailleurs pouvait être attribuée à une grossesse commençante.

Tous les soirs, Entrames la plongeait dans le sommeil magnétique, et la mettait en communication avec le corps inerte de Djalfa ; puis, il suivait haletant et l’âme gonflée d’espérance, le mystérieux travail qui se produisait dans son organisme. Certes, il haïssait Bérengère d’une haine farouche ! toutes ses aspirations, toutes ses tendresses allaient à l’autre, l’assassinée, la seule adorée ! Il faisait des orgies de souvenirs. Son esprit brûlait pleinement et largement d’une flamme sans cesse grandissante. Il insultait la femme maudite, et appelait désespérément la maîtresse idolâtrée, comme si par l’énergie sauvage, l’ardeur dévorante de sa passion, il eût pu la ranimer, la faire revivre.

Bérengère soupirait et pleurait ; mais ses plaintes demeuraient inutiles.

Quand il l’interrogeait, elle l’accusait de lui - piquer le cœur avec une longue aiguille pour en faire sortir le sang, goutte à goutte. Et c’était une épouvantable torture ! Elle s’agitait, se débattait, ses ongles s’enfonçaient dans ses chairs, ses lèvres se tordaient dans des cris impuissants, et, chaque matin, un changement plus profond