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RÉINCARNATION

dans un complet état de catalepsie magnétique.

Alors, faisant jouer le panneau mobile de la boiserie, il se rendit auprès du corps de Djalfa ; et, là, prosterné, perdu dans l’ivresse de son désir, il lui sembla que la morte l’appelait, l’encourageait, et lui ordonnait de poursuivre son œuvre.

Il resta longtemps ainsi : inconscient, radieux, transfiguré.

Quand il revint auprès de Bérengère, elle était étendue dans la même position, le pouls était imperceptible, la respiration douce, à peine sensible — excepté par l’application, d’un miroir aux lèvres ; — les yeux fermés naturellement, et les membres aussi rigides et aussi froids que du marbre.

— Bérengère, dit-il, dormez-vous ?…

Elle ne répondit pas d’abord ; puis, ses lèvres eurent un tremblement, et son visage prit une expression de souffrance et de crainte. Les paupières se soulevèrent d’elles-mêmes, comme pour dévoiler la ligne blanche du globe, et, faisant un effort, elle s’écria :

— Où me conduisez- vous ?… Je ne veux pas mourir !… Vous m’avez ouvert le cœur, oh ! avec une aiguille, et le sang s’en échappe faiblement… Ghislain ! par pitié !… réveillez-moi…

Il dit gravement, en lui imposant sa volonté :