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RÉINCARNATION

blante, avec quelque chose d’inquiet et de fuyant au fond des yeux.

Il lui prit la main, et l’attirant à lui :

— Ne voulez vous pas recevoir votre fiancé ? demanda-t-il, avec une grande douceur.

— Je n’ose vous croire. Comment pouvez-vous me regarder sans frémir ?

— Ce qui est arrivé devait arriver. Vous n’êtes qu’un instrument docile aux mains de la destinée, Bérengère. Il m’a été donné de lire dans l’avenir, c’est pourquoi je viens vous offrir mon nom, et j’ai la certitude que vous l’accepterez comme je vous l’offre : avec joie et empressement…

— Et vous m’aimerez autant que… l’autre ?…

— Peut-être pas au commencement, mais nous sommes jeunes et… le temps passe sur tout.

La jeune fille frissonna.

— J’ai peur ! dit-elle, un souffle froid a frôlé mon front, un souffle glacé comme l’haleine des tombeaux ! Quelqu’un est ici que je ne vois pas ! Un spectre qui me chuchote des paroles menaçantes… N’entendez-vous pas, Ghislain, et n’est-ce point l’âme de Djalfa, l’âme courroucée de celle que j’ai lâchement assassinée ?…

— Chassez ces idées sombres. Ceux qui sont morts ne reviennent pas. Ne me l’avez-vous pas dit souvent, lorsque je me penchais sur d’obscurs