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RÉINCARNATION

tenir, et de l’assister dans ses peines. Ne lui avait-elle pas répété, bien souvent, cette phrase qui, toujours, chantait à sa mémoire :« La mort n’existe que pour ceux qui ne savent point aimer. Moi, je forcerai les portes de la tombe, car ma volonté unique, ma volonté inflexible est de rester toujours avec toi et en toi ?

Il entendit la vibration d’un faible écho. A mesure que sa pensée lui retraçait ces mots consolateurs, une voix, dont toutes ses fibres tressaillaient délicieusement, les répétait en lui.

Il savourait cette sensation nouvelle, cet entendement exquis de l’âme maintenant errante qu’il aimait, et la voix dont les ondes sonores, perceptibles pour lui seul, le troublaient si profondément, poursuivit :

— « Tu m’as promis d’associer ton désir au mien, et de m’appeler à toi avec toute l’ardeur que je mettrai à briser mes chaînes. Le moment est venu ! »

Ghislain se prosterna, et, les paupières closes, les lèvres tendues vers de mystérieux baisers, toutes ses forces dirigées vers un but unique, il promit d’exécuter les désirs de la morte.

Quand il se releva, il était calme, résolu, une flamme brillait dans ses yeux.