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RÉINCARNATION

manifestation quelconque, si cette volonté était qu’il fit grâce de la vie à Bérengère. Il tressaillit soudain ; le regard de la morte lentement se dirigeait vers le sien, il s’y fixait obstinément ainsi que celui de certains portraits qui toujours semble vous suivre.

Ce regard terrible, dans cette face blanche, le troubla étrangement, et, remué jusque dans les moelles, il prit la main de la jeune fille, s’attendant à la sentir se contracter dans la sienne, se réchauffer, revivre ; mais la main retomba inerte, le cœur, sur lequel il appuya son oreille resta sans battements. Il mit ses lèvres aux lèvres blêmes pour leur insuffler sa vie, mais les dents ne se desserrèrent pas ; une petite glace qu’il apporta demeura limpide. C’était bien un cadavre qu’il avait devant lui, le cadavre de la seule femme qu’il eût aimée !

Sa poitrine se serra, et, sa douleur s’exhalant enfin, il versa d’abondantes larmes.

Alors, dans un effort surhumain de volonté, il ordonna pour la seconde fois à Djalfa de le rassurer, de lui prouver que toutes leurs recherches n’avaient point été vaines, qu’il existait un monde différent de celui qu’ils connaissaient, que tout ne s’arrêtait pas au seuil du tombeau, et que l’apparente injustice de la vie cessait avec elle. Il la supplia de lui dicter la conduite qu’il aurait à