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RÉINCARNATION

Bérengère, appuyée sur le coude, dans le désordre des oreillers, lui souriait. Une expression un peu ironique retroussait sa lèvre.

Elle inclina la tête, répondant à la terrible question qu’il lui adressait mentalement.

— Oui, c’est moi, dit-elle, je l’ai tuée, parce qu’elle avait pris ma place. Tu as cru pouvoir m’échapper, mais, ma volonté égale la tienne. Je t’ai repris, et je te garde !

Le jeune homme sentait une effroyable colère bouillonner en lui. Il cherchait une arme autour de la pièce, afin de faire justice ; des disques rouges frissonnaient devant ses yeux, il lui tardait de venger sa chère Djalfa. Comme il ne trouvait rien, il s’avançait les mains tendues, décidé à étrangler la misérable créature qui, souriante et immobile, le bravait toujours. Sa fureur l’aveuglait ; accroupi sur le lit, il crispa ses doigts au col de Bérengère qui poussa un faible soupir, et perdit connaissance. A ce moment, il lui parut que la morte avait fait un mouvement. Il se retourna, mais il n’eut point de peine à se convaincre qu’il avait été le jouet d’une hallucination. Le corps restait étendu, rigide, sur le tapis. Pourtant, il lui sembla qu’elle lui ordonnait de ne point commettre ce crime. Il concentra son attention sur Djalfa, et la supplia, avec un grand battement de cœur, de lui faire connaître sa volonté par une