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UNE VENGEANCE

— Oh ! oui, Monsieur.

Il t’a recueilli, soigné, élevé ; tu lui dois donc la plus grande reconnaissance.

— Je me serais fait tuer pour lui !

— Es-tu sûr de l’avoir toujours servi avec dévouement, avec affection ?

— J’ai fait tout ce qu’un pauvre serviteur peut faire, je ne crois pas avoir le moindre reproche à m’adresser.

— Voyons, tu dois me dire, à moi, ce que sa sensibilité maladive l’eût empêché d’entendre. Il est inadmissible que madame Bérénice ait disparu ainsi, sans que tu n’aies rien vu ni entendu. Je ne te gronderai pas, sois sincère, cela vaudra mieux, je t’assure.

Il balbutia en grimaçant, cherchant à lire sur mes traits où j’en voulais venir.

— Je ne sais rien, Monsieur, je le jure ! Je ne sais rien de plus que ce que j’ai dit !

Voyant que la douceur était inutile, je démasquai soudain le cadavre de Bérénice, et, saisissant le noir qui hurlait d’angoisse, je le fis tomber à genoux.

— Parleras-tu maintenant, misérable drôle ? Je sais ton crime, et ton compte est bon !

Il tremblait comme la feuille, ses gros yeux roulaient désespérément dans leurs orbites.

— Ce n’est pas moi qui l’ai tuée ! gémit-il.