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UNE VENGEANCE

était claire, ses lèvres souriantes, ses yeux brillants.

— Tu te sens mieux, n’est-ce pas ? lui demandai-je avec sollicitude.

— Oui, dit-il, c’est la fin.

Il joignit les mains, poussa un profond soupir, et retomba sur l’oreiller.

Je m’approchai ; il était mort !

. . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . .

Quand il fut prêt pour le cercueil, je songeai au vœu bizarre qu’il avait formé, et que j’avais promis d’accomplir. Je commandai donc deux bières : l’une pour Georges, l’autre pour la statue qui était restée au pied de son lit, lugubre, à la lueur des cierges qui se consumaient lentement. C’était la dernière nuit : personne n’avait voulu veiller auprès du corps, et je m’étais étendu dans le fauteuil que j’avais si souvent occupé pendant la maladie de Georges.

Tout était calme, un grand feu brûlait dans la cheminée car, bien qu’on ne fût encore qu’en septembre, les murs de cette vieille demeure se marbraient de taches humides et le vent pleurait sinistrement dans les longs corridors. Je contemplai le pâle visage de mon ami qui semblait dormir, tant les traits avaient repris la souplesse et la sérénité de la vie. Je pensai à notre jeunesse,