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L'ANARCHISTE

sentiront sérieusement menacés dans leur bien-être et dans leur existence, qu’ils sortiront de leur dédaigneuse cruauté pour la misère humaine.

Mais, ce jour-là, il sera trop tard, car les malheureux, poussés à bout, fous de douleur et de rage, ne s’arrêteront pas sur la route de la destruction. Il faut qu’une nouvelle révolution fasse justice de tous ces repus engraissés aux dépens du misérable qui peine toute sa vie sans trouver un seul moment de sécurité et de bonheur. Ce livre est fort bien écrit, mais j’aimais mieux les Paroles d’un révolté qui, selon l’expression d’Elisée Reclus, « se livrait surtout à une critique ardente de la société bourgeoise, à la fois si féroce et si corrompue, et faisait appel aux énergies révolutionnaires contre l’Etat et le régime capitaliste. L’ouvrage actuel est de plus paisible allure. Il s’adresse aux hommes de bon vouloir qui désirent honnêtement collaborer à la transformation sociale et leur exposer, suivant les grands traits, les phases de l’histoire imminente qui nous permettront de constituer enfin la famille humaine sur les ruines des banques et des Etats. »

Jacques avait ramassé le bouquin, et, tournant les premières pages, il lisait la préface, de cet accent profond et un peu saccadé des gens convaincus et nerveux : « La reprise des possessions humaines, l’expropriation, en un mot, ne peut