Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
195
UNE VENGEANCE

— Peut-être, dis-je pensivement, mais tu te serais lassé de ce bonheur même, et tu aurais brisé ces chaînes fleuries.

— Non ! car Bérénice n’était jamais pareille à elle-même. Pénétrant mes désirs les plus secrets, elle se montrait tour à tour joyeuse, ardente, attendrie ou sévère. Elle incarnait toutes les formes de l’amour, et l’être le plus capricieux eût été satisfait. Physiquement même, son apparence, ses allures changeaient. Etait-ce l’effet d’une coiffure nouvelle ou d’un vêtement différemment coupé, toujours est-il que ses aspects étaient aussi variés que ceux du ciel et de l’onde.

— Et combien de temps dura votre enchantement ?

— Deux ans ! Deux ans qui passèrent avec une rapidité prodigieuse, bien que semés de souvenirs aussi nombreux que les étoiles d’une nuit d’été.