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UNE VENGEANCE

Je tâchai de me rendre compte de ce qui attirait ainsi son attention ; mais la chambre très grande, était plongée dans les ténèbres, à l’exception de l’endroit où se trouvait le lit.

— Si tu désires que je reste auprès de toi, mon cher Georges, dis-je avec enjouement, il faudra mieux éclairer ton logis, car l’obscurité m’enlève le peu d’entrain que je puis avoir. Permets-moi donc d’allumer les bougies de ces torchères que j’entrevois là-bas.

Je me levai, mais il me saisit le bras avec terreur.

— Non, non, reste auprès de moi. Je ne veux pas voir clair.

« Elle est là, elle me guette, j’ai peur ! »

Il poussa un cri d’angoisse et se cacha le visage sous les couvertures.

Je commençais à être péniblement impressionné moi-même, et je regrettais presque d’être venu. Pourtant, Georges d’Ambroise était un ami d’enfance. Nous avions entretenu, jadis, d’excellentes relations, et depuis quelques années seulement des événements mystérieux nous avaient séparés.

Je savais vaguement qu’une passion irrésistible avait bouleversé son existence, et, qu’après avoir enlevé une jeune femme à son mari, il l’avait jalousement gardée dans la solitude, l’entou-