Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
UNE VENGEANCE

Pourquoi cet acte de cruauté ?… Je me promis de demander une explication au premier domestique que je rencontrerais.

La maison, cependant, semblait déserte ; l’air de désolation répandu sur toutes choses me fit craindre un événement funeste, et, l’esprit empli de trouble, je m’engageai rapidement dans le vestibule aux dalles sonores. Un escalier de pierre se dressait devant moi : je le pris, à tout hasard, ne voyant personne et n’entendant aucun bruit.

Après avoir ouvert rapidement au premier étage une dizaine de pièces humides et délabrées, je me trouvai devant une porte capitonnée de drap noir qu’une faible lueur éclairait par le bas : je la poussai, et le spectacle que j’eus sous les yeux ne me sortira jamais de la mémoire :

Georges livide, hagard, était étendu sur son lit, et de ses bras tremblants cherchait à repousser de sinistres visions. Un gémissement sortait de sa bouche, ses yeux larges, effroyablement dilatés, restaient dirigés vers un endroit de la chambre que l’obscurité m’empêchait d’examiner.

— Georges, c’est moi, dis-je.

Il se tourna de mon côté, un faible sourire se dessina sur son visage.

— C’est toi ! Oh quel bonheur ! Je ne serai plus seul. Tu vas t’installer à mes côtés, tu ne me quitteras plus !