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L'ANARCHISTE

domestique, y était déjà pérorant au milieu du groupe.

— Monsieur, me dit-il aussitôt qu’il m’aperçut, c’est la Claudie qui vient de se trouver mal.

— La Claudie ?…

— Oui, Monsieur sait bien ?… La boiteuse, la femme à Jacques André !

— Eh bien ! mais il la faut porter chez lui.

— C’est qu’ils ne sont peut être plus ensemble…

— Bah !… Cette malheureuse ne peut rester dans la rue, je me charge de faire entendre raison à son homme. Aidez-moi, Jean, nous allons la transporter chez elle.

A cette proposition on me livra passage, et je pus enfin voir la pauvre créature qui occasionnait tout cet émoi. Elle était vêtue d’une robe brune qui moulait si exactement son corps qu’il était facile de deviner qu’elle n’avait rien dessous. Ses longues mains émaciées faisaient des taches dans l’ombre ainsi que son visage ; ses rares cheveux blonds tombaient en mèches roides sur ses joues. Nous la soulevâmes sans peine, car elle ne pesait pas plus qu’un petit enfant ; et, comme nous traversions la cour, le concierge, qui nous guettait, sortit de sa tanière en grommelant de mauvaises paroles à l’adresse des gueux que le propriétaire tolérait dans son immeuble.