Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
NIHILISTE

— Il en sera toujours ainsi ?…

— Oui, tant que je vivrai !

— Tu n’es pas galant, mon cher ; mais, bast, cela me change des plats imbéciles qui ne jurent que par moi !

Nous étions arrivés dans une des allées les plus désertes du Bois. A. ce moment, le cheval fit un écart et se jeta contre un arbre.

— J’ai peur, dit Régine. Ne vois-tu pas ces hommes qui nous barrent le chemin ?

En effet, des formes noires s’agitaient confusément devant nous.

Je descendis et fis quelques pas dans leur direction.

Il y avait là trois hommes et une femme assez misérablement vêtus, autant que je pus en juger dans l’obscurité. A mon approche, ils s’écartèrent pour me livrer passage, et comme je les regardais attentivement, je vis tout à coup, au milieu de ces faces hâves mangées de haine et de souffrance, le visage adoré de Terka. Elle me parut très changée, amaigrie, avec quelque chose de concentré et de farouche dans son expression générale.

— Terka ! Terka ! m’écriai-je, en m’élançant vers elle, que fais-tu donc ici ?…

Régine s’était dressée dans la voiture. Elle éclata de rire.

— C’est pour cette créature que tu languis ? Tu