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NIHILISTE

Ses traits étaient contractés, une flamme sombre luisait dans son regard.

— Terka, dis-je d’une voix tremblante, je veux savoir quels sont ces hommes, et ce qu’ils venaient faire ?

— Ne m’interroge pas.

La colère commençait à me gagner ; je lui saisis brutalement le poignet et le serrai à le briser, sans qu’elle laissât échapper une plainte.

— Ecoute, continuai-je, j’ai le droit de connaître toute ton existence. Si, jusqu’à présent, j’ai respecté tes secrets, c’est que je pensais qu’il ne serait plus question du passé, et que tu m’aimais assez pour me consacrer l’avenir, sans restriction. Il paraît que je me suis trompé, que tu as voulu simplement te distraire à mes dépens, me ridiculiser et me faire souffrir. Je te croyais l’âme plus haute !… Tu n’es qu’une vulgaire coquine, comme les autres !

Elle devint affreusement pâle.

— René, je t’en supplie ! ne parle pas ainsi… Tue-moi, plutôt !

Comme elle voulait se jeter à mes pieds, je la repoussai avec indignation.

— Ces misérables sont tes amants !

— Tais-toi ! tais-toi !… Si tu savais !… Je te jure que je ne mérite pas ton mépris. Aie pitié, cher adoré ! Je n’aime que toi au monde.