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NIHILISTE

me semblait que quelque chose venait de se briser en moi, que je ne retrouverais plus cette plénitude de bonheur.

Comme nous descendions de voiture, rue du Regard, devant notre maison, trois individus qui semblaient nous attendre, nous barrèrent le chemin. J’allais les écarter, la menace aux lèvres, la canne levée ; mais je n’en eus pas le temps. Terka — car c’est ainsi que je l’appellerai désormais — me saisit le bras, et m’ordonna impérieusement de rentrer, sans m’occuper d’elle.

— Je ne te quitterai pas ! lui dis-je ; que veulent ces hommes !

— René, reprit-elle, par tout ce que tu as de plus sacré, je te supplie de ne pas m’interroger ! Ces hommes sont des amis, il faut que je leur parle.

— Je te le défends !

Elle ne me répondit pas, mais, faisant signe à l’un de ces individus, elle disparut avec lui si rapidement que je ne pus la rejoindre. Les deux autres ne bougèrent pas, se contentant de me surveiller. Furieux, je rentrai chez moi, me promettant d’avoir, à tout prix, une explication avec ma maîtresse.

Lorsqu’elle revint, une heure après, je vis tout de suite qu’il avait dû se passer quelque chose de grave entre elle et le bandit qui l’avait emmenée.