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NIHILISTE

— Je ne sais, je l’ai entendu quand j’étais enfant, et l’air m’en est resté.

— Ne chante plus, Louise. Souris-moi de ton beau sourire à dents blanches, que je revoie le soleil après la nuit. Tes chants me font peur ! Ce sont des chants de vengeance et de carnage. Nous ne devons avoir que des chansons d’amour.

Elle voulut connaître toute mon existence, et je la lui racontai, simplement, comme à une véritable amie.

Elle sut la trahison de Régine, sa conduite infâme, mon duel et la mort de son malheureux amant.

— Ce n’est pas lui qu’il fallait tuer, dit Louise, c’est elle !

— A ce compte-là, on tuerait bien des femmes.

— Les femmes qui trompent ne sont pas dignes de vivre !

— Tu ne me tromperas jamais !

— Jamais ! mon aimé, je te le jure.

— Je veux te croire, chère adorée. Ces belles lèvres ne peuvent mentir !

Et je les baisai follement, comme pour graver sur les miennes leur serment d’éternelle tendresse.

Le soir venait avec ses brumes pourprées. Il commençait à faire humide, la terre ne s’étant point encore imprégnée de cette chaude caresse