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NIHILISTE

Je commençai à m’intéresser sérieusement à elle, les échecs que j’avais subis me la rendant plus désirable. Toutes les tentatives que je pus faire pour connaître ma voisine demeurèrent vaines. J’essayai les différents moyens de séduction que la coquetterie et la vanité des femmes ont permis à l’homme ; mais cette étrange créature contrariait positivement l’opinion un peu dédaigneuse que j’avais de ses pareilles. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? A quels travaux mystérieux occupait-elle ses longs jours de solitude ?…

J’en étais arrivé à ne plus penser à Régine, tant l’amour nouveau que j’avais voulu installer en mon cœur grandissait rapidement, semblable à ces arbustes sauvages que l’on a quelque peine à transplanter et qui, une fois acclimatés, poussent des rameaux envahisseurs. Je me remis à sortir, inquiet des progrès que ce sentiment faisait en moi ; progrès que je n’avais pu pressentir et qu’il n’était plus en mon pouvoir d’arrêter.

Lorsque je voyais Louise traverser le jardin, je m’élançais sur ses pas, cherchant à surprendre le but de ses absences. Elle s’en allait rapidement et disparaissait dans une maison de misérable apparence, accotée à un couvent, au bout de la rue Notre-Dame-des-Champs.

Un jour, j’entrai dans le couloir et demandai