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NIHILISTE

indignement menti, cette femme ! Elle m’avait trompé et bafoué ! Pourtant, je l’aimais encore ! Peut-être même à cause de cette mondaine dépravation que rien n’excusait. Bien née, riche, convenablement mariée, elle eût pu, sans beaucoup d’efforts, rester à son rang et vivre heureuse au milieu de l’estime générale. Au lieu de cela, elle avait gâché son existence, ridiculisé son mari et désespéré ses amants. Pourquoi ?… On ne sait. Certaines femmes, remarquablement douées, sont ainsi emportées dans le fatal tourbillon du vice et irrémédiablement perdues. De chastes jeunes filles, douces, timides, irréprochables, se révèlent à leur heure plus audacieusement dépravées que les courtisanes du ruisseau !

Régine, tout en sauvegardant certaines apparences, avait déjà ruiné deux amants, et j’aurais, sans doute, eu le même sort si un rival ne m’avait à propos dessillé les yeux. En plein club, je le souffletai, et, le lendemain, je lui plantai mon épée dans les côtes, lui réglant son compte pour l’éternité !

Régine m’écrivit une lettre éloquente dans laquelle elle me reprocha mon « emportement ». Pourtant, il était facile de lire entre les lignes que je me relevais à ses yeux par cette action d’éclat, et qu’il ne tiendrait qu’à moi de reprendre la place si brillamment reconquise. Sérieusement

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