Page:Vaudere - L anarchiste.pdf/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
NIHILISTE

diennes remplies d’orchidées rares et d’immenses lataniers, dont les feuillages formaient de véritables dômes de verdure. Des meubles capricieux, un peu partout, s’offraient pour la causerie ; et quels meilleurs causeurs que ces chers tableaux, où de grands artistes avaient mis un peu de leur âme enflammée ?

Le salon, décoré à l’Indienne, faisait suite au hall.

Les portes et le plafond, à caissons curieusement ouvragés, en bois de santal, étaient sillonnés en tous sens de fines arabesques incrustées d’ivoire et de corail. Les murailles disparaissaient sous d’immenses panneaux de satin, brodés et rebrodés de sujets bizarres, un peu effrayants.

Tout autour, jusqu’à la cimaise, une suite de bas-reliefs représentant des divinités grotesques ou sinistres, en bois doré. Des portières de mousseline lamée d’argent, de vastes divans recouverts des mêmes étoffes chatoyantes amplement drapées.

Ma chambre, longue et très élevée, était entièrement tendue de velours de Gênes d’un gris pâle, bordé d’une guipure d’or à cabochons de jade et de turquoises. Le plafond, voûté comme celui d’une chapelle, disparaissait sous les mosaïques, et de légères arcades, soutenues par des piliers d’ébène sculpté, le coupaient de distance