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des places.

ministrés, il n’y allait que ceux qui ne pouvaient faire autrement, et pas un de ceux qui n’étaient que légèrement bléssés ; il faut avouer que c’était acheter les places bien cher.

1654.Quelques années avant cela nous prîmes Stenay, avec une perte à peu de chose près égale ; la vérité est qu’on n’y entendait pas grande finesse : aussi notre infanterie était-elle absolument ruinée. Mais depuis que le roi a commencé à faire la guerre en personne, sa présence a inspiré plus d’esprit et de conduite aux armées : et Sa Majesté ayant reconnu par elle-même combien il lui était nécessaire d’avoir des gens éclairés capables de la servir dans les siéges et dans les places, elle a mis sur pied et entretenu un bon nombre d’ingénieurs ; quantité de gens s’étant jetés dans cette profession, attirés par ses bienfaits et par la distinction qu’ils y ont trouvée ; de sorte que bien qu’on en tue et estropie beaucoup encore, le roi n’en manque pas, et on ne fait point de siége depuis long-temps, qu’il ne s’y en trouve des trente-six ou quarante, qu’on sépare ordinairement en six Force des brigades d’ingénieurs.brigades de six ou sept chacune, afin que chaque attaque en puisse avoir trois, qui se relèvent alternativement toutes les vingt-quatre heures ; ce qui fait que jamais la tranchée n’est sans ingénieurs, lesquels se partageant les soins du travail, font qu’il va toujours, et qu’il n’y a pas une heure de temps perdue.