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c’est-à-dire à la pointe du jour, l’affaire sera bien plus sérieuse ; car il dérobera sa marche et cachera son dessein le plus qu’il lui sera possible, fera mine de vouloir attaquer par un endroit de la ligne pendant qu’il se préparera à tomber sur l’autre, tâchant par tous moyens de donner le change par de fausses apparences, pour obliger l’assiégeant à demeurer sur ses gardes également partout ; s’il peut vous trouver en cet état, c’est hasard s’il ne réussit quand l’affaire est bien menée. Car telle partie qui sera gardée par mille hommes, peut être attaquée par dix mille, qui se portant vigoureusement et se soutenant Difficultés d’empêcher qu’elles ne soient forcées de nuit. par plusieurs corps l’un devant l’autre, il est bien difficile d’empêcher qu’il ne parvienne jusqu’à la ligne, et que, s’attachant au parapet, il ne le borde de son côté, et ne chasse les assiégeans de l’autre par un feu supérieur sur le dedans, pendant qu’avec des travailleurs, il y fera des ouvertures pour faciliter l’entrée de ses troupes. Ce coup est d’autant plus à craindre, que si on n’est pas bien averti du dessein de l’ennemi, on se tient à peu de chose près également partout sur ses gardes, qui est un très-mauvais parti à prendre.

Comme une ligne en cet état ne peut être que très-faible, l’ennemi a de grands avantages sur elle, car il se porte à la faveur de l’obscurité, jusque fort près du fossé avant que d’être découvert, où ne trouvant qu’une faible résistance il