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suspens ! songez combien celui qui entrevoit le bonheur après tant de siècles d’infortunes, de persécutions, de mauvais traitemens, est impatient d’en jouir ! songez qu’en couronnant votre ouvrage par cet acte de justice, vous allez répandre la joie dans ces cœurs opprimés par la douleur, et rendre à l’homme ce qu’il a droit d’attendre de vous.

Il n’y a pas un instant à perdre. Vos rivaux et vos émules en mérite, et que vous surpassez déjà en talens, s’occupent d’un projet qui vous enlevera la gloire de les avoir surpassés en lumières. Oui, le Parlement d’Angleterre s’apprête à accorder aux Juifs les priviléges dont jouissent tous les Anglois. Vous vous verrez non-seulement enlever l’honneur d’avoir été plus justes qu’eux, mais vous enrichirez cette Nation du commerce d’un peuple industrieux, et vous perdrez en un moment ce qui coûtera à la France des siècles de regrets. En vain reviendrez-vous sur vos pas, et accorderez-vous ce que les Anglois auront accordé avant vous ; l’occasion sera perdue, et les familles Juives de la Grande-Bretagne, de la Hollande, de la Pologne, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Allemagne, qui vous auroient apporté leurs trésors, les verseront dans les trésors du peuple qui le premier leur aura