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Dans la même galerie, on voit un magnifique portrait de la signora Sofonisba Anguisciola peint par elle-même (34), et un antique manuscrit renfermant les Bucoliques, les Géorgiques et l’Énéide de Virgile. Les savants prétendent que ce livre a été écrit sous le règne de César-Auguste ou peu de temps après : il n’est donc pas étonnant que le cardinal Farnèse y attache le plus grand prix.

Maintenant il ne nous reste plus qu’à clore la biographie de Taddeo Zucchero (35).



Jeu bizarre de la destinée ! le dernier des Romains et le premier des Vanlooteurs sont frères. Taddeo fait regretter Raphaël et Jules Romain ; Federigo fait pressentir le Bernin et Carle Maratte.

Taddeo meurt à trente-sept ans, après avoir produit presque autant que Raphaël. Sa vie est laborieuse et appliquée ; mais il craint la concurrence et il aime l’argent. Aussi tous les travaux lui sont-ils bons, et la journée n’a-t-elle pas assez d’heures pour lui. Cependant, il faut le reconnaître, s’il renonce aux études pénibles et aux résultats qui ne s’obtiennent qu’avec lenteur, c’est que de tous côtés il est entouré de gens qui abattront la besogne plus vite et à meilleur marché que lui. En effet, ses dessins trahissent bien plus le manque de conscience que le manque de capacité. En un mot, Taddeo est le calque d’un grand homme tué par la concurrence ;