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ment quelques figures coloriées, qu’ils allèrent jusqu’à s’écarter des traits de leur premier dessin. Cela parut d’autant plus choquant, que tout à côté se trouvaient des armoiries du pape Léon, accompagnées de personnages nus supérieurement peints par Gio. Francesco Vetrajo, homme de talent, qui aurait produit de très-grandes choses si la mort ne l’eût point frappé prématurément. Aveuglés par leurs folles illusions, Polidoro et Maturino firent encore certains enfants coloriés qui semblent l’œuvre non de maîtres illustres, mais d’ignorants qui ont besoin d’apprendre les premiers éléments du métier. Ce lamentable morceau est à Sant’-Agostino de Rome, sur l’autel des Martelli, où Jacopo Sansovino sculpta en marbre une Madone. Pour racheter cette faute, nos artistes représentèrent, en clair-obscur, sur le pan de l’autel que couvre la nappe, un Christ mort avec les Maries. Cet ouvrage, qui est très-beau, montre quelle était leur véritable vocation. Étant donc ainsi rentrés dans leur voie accoutumée, ils peignirent, sur deux façades du Campo-Marzio, d’abord l’histoire d’Ancus Martius, puis les fêtes des saturnales que l’on célébrait jadis dans cet endroit. Les biges et les quadriges qui tournent autour des obélisques sont d’une telle perfection, que l’on croit assister en réalité à ces anciens spectacles. Au coin de la Chiavica, en allant vers Corte-Savella, on rencontre une des plus admirables façades que Polidoro et Maturino aient jamais exécutées ; car, sans parler des jeunes filles qui passent le Tibre, il y a en bas, près de la porte, un sacrifice où tout