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étoit gardée de tous côtés, tant sous les voûtes qu’ès côtés et sur le dessus des logemens où il couchoit.

Sa cour ou suite étoit composée de gens d’importance ; la civilité, affabilité et courtoisie étoient avec eux ; la devotion y étoit très grande : car les soldats, qui sont ordinairement indevots et impies, firent de grandes devotions ; le lendemain de son arrivée, qui étoit un dimanche, plusieurs d’iceux se confessèrent et communièrent avec demonstration de grande pieté ; ils ne firent aucune insolence dans la ville, vivant quasi comme des pucelles. La noblesse aussi fit de grandes devotions. Quand on étoit sur le Rhône, quoiqu’il y eût quantité de bateliers tant dans les barques qu’après les chevaux, on n’osoit jamais blasphêmer, qu’est quasi un miracle que de telles gens demeurassent dans une telle retention ; on ne leur voyoit proferer que les mots qui leur étoient nécessaires pour la conduite de leurs barques, mais si modestement que tout le monde en etoit ravi.

Monseigneur le cardinal Bigni logea à l’archidiaconé. On avoit preparé la maison de M. Panisse pour monseigneur le cardinal Mazarin ; mais, au partir du Bourg-Saint-Andéol, il prit la poste pour aller trouver le roi ; le dimanche 25, le dit seigneur fut reporté dans son bateau avec le même ordre. Il étoit venu tout environné de noblesse et de ses gardes ; il y avoit plaisir d’oüir les trompettes qui jouoient en Dauphiné avec les reponses de celles du Vivarais, et les redits des echos de nos rochers : on eût dit que tout jouoit à mieux faire.