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— Quoy ! dit-elle en riant, je serois la conqueste
D’un amant qui n’auroit que les pieds et la teste ?
Mon père, si puissant, m’imposeroit la loy
De recevoir pour maistre un tel monstre que toy ?
Va presenter ailleurs tes impuissantes flammes,
Amant trop inhabile au service des dames.
— Toutefois nos amours, repliqua le compas,
Produiront des enfans qui vaincront le trepas.
De nous deux sortira la belle architecture,
Et mille nobles arts pour polir la nature.
— N’espère pas, dit-elle, ébranler mon repos,
Ou, pour authoriser tes estranges propos,
Tache à plaire à mes yeux par quelques gentillesses,
Et monstre des effets pareils à tes promesses. »
Le compas aussi tost sur un pied se dressa,
Et de l’autre, en tournant, un grand cercle traça.
La règle en fut ravie, et soudain se vint mettre
Dans le milieu du cercle, et fit le diamètre.
Son amant l’embrassa, l’ayant à sa mercy,
Tantost s’elargissant et tantost raccourcy ;
Et l’on vid naistre alors de leurs doctes postures

Triangles et quarrez, et mille autres figures.

Richelieu, c’est assez, j’abuse de ton temps,
Repren le fil laissé de tes soins importans.
France, son cher soucy, pardon si je l’amuse
De contes enfantez d’une riante muse6.



6. Ce poëme, dont il n’est pas besoin de faire remarquer l’académique ingéniosité, est bien du temps où l’on sembloit s’évertuer à refaire des Métamorphoses à la façon de celles d’Ovide ; où l’on voyoit Habert de Cerizy composer la Métamorphose des yeux de Philis en astres, 1639, in-8 (V. Roman