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n’estoit né que pour emplir son ventre de toutes sortes de bestiolles delicates ; ou si leur aidant du baston de Jacob, ils sçavent mesurer la profondité de la rivière d’Aubette et la hauteur des montagnes de Sologne, d’aller voyager jusques aux Alpes enfarinez, pour apprendre à ciseler, decoupper et entrelasser en relief divers patrons sur la neige de ces lieux avec un fer chaud, pour enrichir leurs tartes de cerises et paticerie, jusques à tant que les petits gentilshommeaux qui sont à couvert des coups de canons aillent quittans la chasse du connin à courte oreille, pour suyvre le levraut à la piste.

Touchant les joueurs d’instrumens, qui ont les dents aussi longues que leurs vielles et le ventre aussi creux que leurs basses, je leur conseille, afin que leur renommée ne se metamorphose en vesses de loup, à cause que je les aime comme les chiens font les coups de baton, et qu’ils sont aussi habilles que les meusniers de Gascogne, qu’ils plantent des choux sur les ailles de leurs moulins à vent, de leur en aller sur les plaines qui sont auprès du chasteau de Robert le Diable, apprendre quelque mouscouze nouvelle : car la pavanne espagnolle, le branle de la grenée, la volte de Bretaigne19, le passe pieds de Mets20, et la belle ville, sont trop antiques pour les



19. L’auteur veut parler sans doute de ce fameux branle de Bretagne qu’on appeloit trihori, et dont il est plus d’une fois question dans les Contes d’Eutrapel. Il se transforma plus tard et devint la danse des tricotet, qui s’exécutoit sur l’air de Vive Henri IV.

20. On sait combien étoient célèbres les danses hautbarroi-