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ment que, sur une heure de la nuict sus dicte, ont esté perceuz sur la rivière de Seine grande quantité de diverses sortes de meubles emportez par la violence subite et inopinée de ces eaux.

Aucuns pourront dire que telles sinistres fortunes ne devroyent estre escrites, et que bien souvent on taist les evenemens saincts et prospères, et se divulguent ceux lesquels ne nous apportent que tristesse et desplaisir ; mais d’autant que toutes choses viennent par la volonté divine, et que les historiographes en ont escrit d’autres moindres, et aussi que cela ne sçauroit sinon de tant plus inciter le peuple à contrition de ses pechez sur la fin ce caresme, je n’ay voulu passer soubs silence ceste horrible et dommageable innondation d’eaux, afin que chacun se tienne en la crainte de l’omnipotent et que l’on sache que ses faits sont si incompréhensibles que nul n’en peut avoir aucune cognoissance.

Au surplus, c’est pitié de voir les maisons champestres abbatues, lesquelles sont du long de la rivière de Seine, et croy pour certain que le long des autres fleuves n’y a pas moins de desolation : les pauvres villageois s’enfuyans desnuez de tous leurs biens, estans leurs maisons couvertes d’eaux, leurs champs ensemencez noyez, leur espérance de recueillir assez vaine (n’est la grace du Tout-Puissant), leur bestial en partie emporté et noyé par la violence de ces eaux, lesquelles auroyent ruyné entièrement plusieurs villages, abattu et desraciné infini nombre de grands arbres, emporté plusieurs ponts et grande quantité d’hommes, femmes et enfans submergez dans les ondes ; ce que vrayement nous doit bien