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Soubs luy les hommes obéissent,
820Soubs luy les elemens flechissent ;
Il retient le cours du soleil,
Il destourne un sage conseil,
Il glace de peur les armées,
Il les rend d’ardeur enflammées,
Il meut leurs corps, pousse leurs bras,
Dresse leurs mains, règle leurs pas,
Et, par des detours invisibles,
Conduit les ouvrages sensibles.
Armand faisoit fleurir les lys
830Quand Dieu perdoit nos ennemis,
Armand ne trouvoit point d’obstacles
Quand Dieu nous faisoit des miracles ;
Mais, quand il a pris pour object
D’estre plustost Roy que subject,
De faire adorer sa prudence
Plus que la royale puissance,
D’estre le tyran des François
Et le fleau des plus grands Rois,
D’eterniser dedans la terre
840Le triste flambeau de la guerre,
De violer tous les traictez,
De voler toutes les citez,
D’usurper toute la Loraine53,
D’emprisonner sa souveraine,



53. En 1634, le duc de Lorraine, pour échapper aux engagements qu’il avoit pris avec le roi, ayant cédé ses états au cardinal François, son frère, Louis XIII le punit de sa mauvaise foi insigne en mettant la main sur toute la province. C’est ce que notre satirique appelle ici une usurpation du cardinal.