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Vend publiquement la justice ;
La d’Herblay la met à l’encan,
Tire huict mille escus par an,
Fait ordonner ce qu’on demande,
700Pourveu qu’on luy porte une offrande ;
Se vante parmy les railleurs
Qu’elle est grosse des procureurs,
Qu’elle enfantera vingt offices,
Digne prix de ses bons services ;
Que, s’il est sale en ses amours,
Il est plus sot en ses discours ;
Ses harangues sont pedantesques
Et pleines d’infinies grotesques,
Empruntant tousjours son rollet,
710D’un esprit pedant et follet.
Il ayme si fort la nature
Qu’il parle au Roy d’agriculture,
De bien semer, de bien planter,
D’esmonder, elaguer, anter ;
Il discourt tout d’un art si rare
Que dans les jardins il s’esgare,
Traitte Louys en vigneron,
Adjouste ce tiltre à son nom,
Compare un grand arbre à la France,
720Et ce bel astre à sa prudence,
Qu’il scait esbranler les estats,
Qu’il sçait couper les potentats,
Qu’il sçait anter guerre sur guerre,
Qu’il sçait bien cultiver les terres.
Ainsi ce sublime orateur,
Ce sage et delicat flatteur,
Ce satyre à la gorge ouverte,